« Boo ! » Le ton utilisé lui apprit que ce n’était pas la première fois qu’on l’appelait. La blonde leva la tête et découvrait que c’était son père qui essayait d’attirer son attention. « Ca va ? » Elle se demandait pourquoi tout le monde continuait à lui poser cette question. Outre le fait qu’il était on ne peut plus évident qu’elle n’allait pas bien, qu’est ce qu’elle pouvait répondre ? Que ça n’allait pas ? Qu’elle avait l’impression qu’on venait de lui arracher le cœur de la poitrine, de lui rouler dessus avec un trente trois tonnes avant de lacérer les morceaux restants et de remettre le tout dans sa cage thoracique. Non, elle n’allait pas bien, son fiancé était mort. Son âme sœur, son meilleur ami, son Lucas était mort. Parti, enterré, six pieds sous terre. C’était terrible. Et dans un premier temps elle n’avait pas comprit à quel point.

C’était lorsqu’elle ouvrait la boite à lettres, espérant y découvrir un de ses lettres. Lorsqu’elle observait son gel douche pour homme qui n’avait pas bougé d’un milli mètres. Lorsqu’elle écoutait quelque chose à la radio et qu’elle se disait, tiens, il faudra que je le raconte à Lucas. Lorsqu’elle se couchait sans lui, et qu’elle se rappelait que c’était désormais son quotidien. Sans lui. On aurait pu penser que son départ pour l’armée l’avait habituée à vivre seule mais ce n’était pas le cas. Parce qu’elle pensait qu’il allait revenir. Qu’il allait se tenir une nouvelle fois sur le canapé et s’exclamait que la statuette sur la table basse était hideuse. Qu’il remplirait une nouvelle fois les draps de son odeur. Qu’il lui cuisinerait encore une fois son pain de viande. Mais c’était fini, terminé. Betty se rendit compte que son père attendait une réponse et força donc ses lèvres à se relever en un léger sourire. Elle n’espérait pas qu’il y croit ou même qu’il s’en aille. Ça lui était égal. « Reyes est passé. » Excepté ça peut-être. S’efforçant de quitter le brouillard qui l’abrutissait, elle se tourna vers son père pour l’inciter à continuer. « Bridget ne l’a pas laissé entrer mais il voulait te voir. Il est désolé. » Un ricanement mauvais s’échappa de la bouche de la brunette avant même qu’elle ne puisse le bloquer. Oh, s’il était désolé ça changeait tout bien évidemment. « C’est sa faute. » Il n’y avait pas la moindre trace de gentillesse dans ses paroles. A son égard, elle n’était que colère et rage. S’il n’avait été là, Lucas ne serait jamais parti. Il serait encore là, avec elle. Ils se seraient mariés, comme ils étaient supposés le faire. Il avait tout gâché, il avait ruiné sa vie. Il lui avait prit tout ce qu’elle avait. Alors qu’il soit désolé ne changeait rien, ça n’allait pas le faire revenir. Oh comme elle aurait aimé que leur place eut été échangé. Que Reyes meurt et que Lucas ait vécu. « Chérie… » Cela présageait qu’il n’était pas de son avis mais elle ne souffrirait d’aucun désaccord. « C’EST SA FAUTE ! » Ses cris retentirent dans la chambre faisant sursauter son père. Ce dernier hocha la tête avant de s’en retourner pour quitter la pièce, son chagrin incommensurable.